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ADENL      (Association de Défense de l’Environnement en Nord Lauragais)           La Pendude 11320 MONTMAUR
Tél/Fax : 0468 600821. Cotisation : 8 € (à l’ordre de l’ADENL)      Président : Pierre BONN       p.bonn@libertysurf.fr
 

POURQUOI VEUT-ON INONDER LA FRANCE ET EN PARTICULIER LE LAURAGAIS D’OLIENNES GEANTES ET QUELLES EN SONT LES CONSEQUENCES ?


1-ORIGINE POLITIQUE ET ECONOMIQUE DU PROBLEME

Poussé par sa fraction écologique, le gouvernement lance en 1996 le plan Eole 2005 visant à produire 500MW d’électricité éolienne en 2005. Le prix de rachat du MWh par EDF était fixé par appel d’offre et tournait autour de 48 € et en 2001 seulement 70 MW étaient installés.
L’Europe adopte en 2001 une directive demandant à l’Union Européenne de faire passer sa part d’électricité d’origine renouvelable de 15% en 1999 à 21% en 2010. Pour la France, l’objectif est de passer de 14 à 22%. Le Conseil européen énergie a décidé qu’il s’agissait d’un objectif « indicatif  » c.-à-d. sans contrainte ni pénalité (rapport Birraux-Le Déaut p.70 [voir bibliographie - 1]) Cet objectif nécessite de produire 46 TWh de plus en électricité d’origine renouvelable dont 35 TWh éolien c.-à-d. d’installer 14000 MW éoliens en 2010 (Birraux-Le Déaut p.177).
Le plan Eole 2005 n’ayant pas rencontré beaucoup de succès, le ministre de l’environnement Yves Cochet et André Antolini président du syndicat des producteurs d’énergies renouvelable arrachent à la DIGEC (Direction du gaz, de l’électricité et du charbon) un prix de rachat du kWh par EDF absolument incroyable. La Commission de régulation de l’électricité (CRE) rédige un communiqué  incendiaire contre cette subvention mais le gouvernement interdit (vive la transparence !) à la CRE de le publier avant la sortie de l’arrêté officialisant le prix de rachat. L’arrêté du 8 juin 2001) fixe le prix de rachat du MWh par EDF à 83,8 € pendant 5 ans puis à un tarif dégressif les 10 années suivantes si le site est bien venté (les sites moins bien ventés restant à 83,8 €) A partir de la 16ème année, le prix est fixé à 45,7 €.
André Antolini est un lobbyiste efficace. Patron de SIIF Energies dont certains actionnaires ne figurent pas au RC français (SIIF Luxembourg SA et Synergie Développement et Services), il était auparavant président de la Fédération nationale des promoteurs constructeurs (FNPC) A ce titre il a été appelé à témoigner devant la commission d’enquête parlementaire sur le financement des partis politiques en 1991 (voir bibliographie – 2  p.216) Compère d’Y.Cochet grand pourfendeur du nucléaire, avant les législatives, il vante les mérite du « mix » français : nucléaire plus éoliennes, une fois les verts éliminés (« Le Monde » 26/06/2002)



2-CONSEQUENCE DE L’ARRETE DE JUIN 2001 : LE SURCOUT DE L’€OLIEN

2.1- surcoût de l’éolien par rapport au nucléaire : A titre indicatif, le MWh nucléaire coûte 25,9 € (30 € avec enfouissement des déchets et démantèlement des centrales) et le MWh éolien entre 41,1 et 60,9 €. De 2001 à 2010, à quelques 83,8 € et pour 12000 MW, le coût total cumulé à la charge des consommateurs d’électricité serait de 26 Milliards d’€ par rapport au nucléaire (Birraux-Le Déaut p.175), soit 30 Milliards d’€ pour 14000 MW.

2.2- surcoûts de l’éolien dus à l’extension nécessaire du réseau. A cause de la variabilité très forte de production d’électricité de chaque site, il faut pour l’utiliser « débiter sur un réseau électrique de transport et de distribution permettant de mutualiser les aléas … Pour 14000 MW à l’horizon 2010 cela représentera plus de 3,35 Milliards d’€ de coût de raccordement » (Birraux-Le Déaut p.177, 338, 339) (3,35Mds correspondent à 13000 MW) En d’autres termes, il faut relier les régions entre elles pour que quand l’une manque de vent, elle puisse être alimentée par d’autres.

2.3- du fait de l’intermittence, un éolien important devrait être doublé par des centrales thermiques ou une tranche nucléaire. Ce surcoût est plus difficile à chiffrer. Dans de bonnes conditions un aérogénérateur ne marche en gros qu’un tiers du temps. A partir du moment où l’éolien représente une part non négligeable de la production d’électricité et si pendant un ou deux jour l’anticyclone est sur la France et qu’une majorité d’éoliennes s’arrête, il n’est pas question de dire aux consommateurs d’arrêter de consommer. On ne peut pas non plus dire aux pays voisins d’arrêter d’importer (les contrats sont « bétonnés ») On a alors besoin de capacités additionnelles de production qui ne seront là qu’à cause de l’éolien : soit une tranche nucléaire en plus et ses déchets, soit plus vraisemblablement des centrales thermiques supplémentaires avec le CO² correspondant. Ces centrales appelées « centrales de réglages » sont chiffrées à 1,7 milliard d’€ par l’Uniden. Donc un éolien important augmente les émissions de gaz à effet de serre !

2.4- au total, d’ici 2010, largement plus de 35 Milliards d’€ si l’on veut suivre cette directive européenne. Cette somme est beaucoup plus grande encore si on considère les 15 ou 20 premières années.

2.5-Ces surcoûts sont cachés aux consommateurs ! Alors que d’après Birraux et Le Déaut (p.178): « les consommateurs doivent être informés dans la plus grande transparence que le développement de l’éolien en France générera un surcoût non négligeable… La question de fond pourrait donc être la suivante : si l’éolien a essentiellement une valeur emblématique et joue de ce fait un rôle de porte-drapeau des énergies renouvelables, le surcoût de l’opération n’est-il pas trop élevé ? » C’est cette information que l’ADENL avec d’autres associations essaie de diffuser dans la mesure de ses moyens face à la pression médiatique et la désinformation des lobbies pro éoliens.

2.6- Qui va payer ? « 3% pour les particuliers et 15% pour l’industrie » (Birraux-Le Déaut p.173) Il est évident qu’EDF, obligé d’acheter le kWh plus cher qu’il ne le vend, doit répercuter ses pertes sur ses ventes. Les obligations d’achat ont alourdi les comptes d’EDF de 900 millions d’euros en 2001 (« Le Monde » 12/06/2002) Cette augmentation du prix a été confirmée à la télévision par C.Pierret Secrétaire d’Etat à l’Industrie en février 2002 (« 60 millions de consommateurs » N°359 mars 2002) En fait depuis la réunion européenne de Barcelone, les prix aux industriels vont être dérégulés à terme : ce sera la règle du marché libre. Or dans ce marché libre, un demi pour cent sur le prix peut vous faire perdre d’importantes parts. En conséquence, c’est le particulier qui payera une large part du surcoût et le contribuable le reste. En attendant la dérégulation, l’Union des Entreprises utilisatrices d’électricité (Uniden) proteste vigoureusement contre cette augmentation que la CRE estime à 26% (6 euros/MWh en 2010) (« L’Usine Nouvelle » 30/04/2002) L’Uniden à déjà fait 2 recours au conseil d’état et envisage d’aller à Bruxelles. De même que les 15% apparaissent sous estimés à l’Uniden et la CRE, les 3% aux particuliers seront largement dépassés. Comme il est peu envisageable politiquement de taxer fortement le consommateur particulier, ce sera à l’état de payer. Il semblerait pour le moins logique que le gouvernement, confronté à de multiples financements (retraites, sécurité, baisses d’impôts, SS, Unedic, critères de Maastricht, etc..) arrête cette hémorragie de dépenses et abroge cet arrêté scélérat de juin 2001. Le 17 juillet 2002 le gouvernement a annoncé sa volonté de privatiser complètement EDF. Alors, soit il accepte de prendre en charge ces coûts, soit il abroge l’arrêté de juin 2001. Fin août 2002 EDF a demandé l’autorisation d’augmenter ses tarifs de 2,5% aux particuliers. EDF justifiait (radios, journaux) cela par l’obligation de racheter de l’électricité « propre ». Le gouvernement lui a refusé cette augmentation. Le 16 septembre 2002, EDF annonce des problèmes financiers dus aux acquisitions faites à l’étranger.
Les membres du gouvernement se rendent compte que ce projet « est exagérément coûteux pour la collectivité » (rapport de la CRE) : pour Christian Bataille (PS, Nord) c’est « un gaspillage coûteux » et pour Jean-Claude Lenoir (UMP, Orne) l’arrêté de juin 2001 est « un moment d’égarement » (Ass.Nat. oct.2002) Quand le gouvernement va-t-il enfin abroger cet arrêté ?
Si l’on veut soutenir la filière éolienne il faut alors sortir des mécanismes de prix administrés du type soviétique pour des mécanisme de marché comme les appels d’offre ou les certificats verts. « C’est la garantie pour la collectivité d’atteindre les objectifs recherchés au moindre coût » (CRE)

 

3-CET ARGENT N’EST PAS PERDU POUR TOUT LE MONDE

L’achat à 83,6 € le MWh est à comparer aux 41,1 et 60,9 € du prix de revient du MWh éolien. Plus la machine est grande et plus la machine est haute, meilleur est le rendement et plus c’est rentable. De même, plus on est près d’une sous-station EDF, c.-à-d. près des habitations, plus c’est rentable. Plus un site est venté, plus c’est rentable. Si un site n’est pas vraiment très venté ce n’est pas grave car dans ce cas les 83,6 € sont garantis après 5 ans et alors c’est encore très rentable.
Du coup, en plus des grands groupes multinationaux qui font déjà de l’éolien off shore (Shell Energie, Framatome, TotalFinaElf, Total Energie Développement, Eole RES[franco-britannique], SIIF Energie), se sont constituées rapidement des sociétés de toute sorte pour investir dans ce pactole.

La CRE s’exprime sans détours (Birraux-Le Déaut p.173) : « le tarif proposé se situe très au-dessus de toutes les estimations raisonnables des coûts de revient de la filière éolienne. Le développement de la spéculation liée aux réservations de sites depuis l’annonce de ce tarif est d’ailleurs révélateur de rentabilités tout à fait excessives : plus de 20% après impôts, garantis sur 15 ans, même pour des sites moyennement ventés »
De fait, en moins de 4 mois (le 8 novembre), d’après André Merlin Directeur du RTE (Réseau de Transport de l’Electricité) la somme des demandes se montait à 13000MW ! (Birraux-Le Déaut p.338) c’est à dire l’objectif 2010.    
La durée moyenne généralement admise dans le Languedoc-Roussillon est de 35%, soit 3066 heures par an, ce qui donne 27,5% ! Ceci dépasse les rêves les plus fous du capitalisme sauvage en temps de crise. A 35% de temps de fonctionnement, 1 MW génère sur les 15 premières années un chiffre d’affaire de 3 millions d’euros, soit 42 Milliards d’€ pour les 14000 MW de la directive. C’est une véritable ruée sans frein ni mesure vers l’or éolien. Et tout cela sans compter les subventions des conseils général et régional, de l’ADEME (qui fait gratuitement le marketing de l’éolien) et éventuellement de l’Europe. Avec de tels montants, s’il faut 15000 ou 30000 € pour éliminer quelques points où cela accroche, cela ne pose aucun problème. La moindre crête ou collinette un peu ventée est bonne à prendre avant les autres et tous les coups sont permis. Cette rentabilité est encore largement accrue si l’on prend en compte :
- les revenus générés après la 15ème année.
- les subventions non négligeables (conseils généraux, etc.)
- la diminution du prix de revient de la filière éolienne dû au progrès technique sur les machines (diminution hautement revendiquée par A.Antolini [Le Monde 07/11/2002])
- la minimisation volontaire de la production dans les premières années : 1 kWh non produit la 5ème année est ainsi un investissement pouvant rapporter jusqu’à 22% par an pendant 10 ans (rapport de la CRE)
- la proximité de sous stations EDF, quitte à se trouver à proximité des habitations.
- etc.
Patrick Ollier (UMP, Hauts-de-Seine) Président de la commission des affaires économiques, ne dissimule pas ses prévention contre « les avantages exorbitants » concédés à la filière (Ass.Nat. oct.2002)
Avec une telle rentabilité, un seul but : investir le plus vite possible et le plus d’argent possible. Tout le reste : saccage du paysage, nuisances, opposants, riverains, etc. ne compte pas. Dans Le Monde du 28/05/2002, THEOLIA invitait à investir dans l’éolien vantant un taux de rentabilité des fonds propres après impôts de 23% (c’est Valorem qui agit pour Theolia en tant que promoteur).
Un seul obstacle demeure : convaincre les maires. Le gouvernement a toutefois fixé une limite : les 83,8 € ne sont valables que pour les 1500 premiers MW. Après, il y a une diminution de 10%, mais à 75,5 €, c’est toujours très rentable (cela l’était déjà à 48 € pour Eole 2005) Tout cela ne fait qu’accélérer la ruée forcenée des spéculateurs. Benoit Hopquin du Monde (06/07/2001) parle d’ « une formidable bagarre pour les meilleures places » Le sénateur Jean-François Le Grand a présenté une loi déjà votée par le Sénat, obligeant les projets éoliens à passer par la procédure d’enquête publique. Dans l’exposé des motifs de la proposition de loi, il parle d’ « organismes qui lancent des démarches d’une manière intense… », de « …recherche un peu désordonnée mais rapide… », de « …pression irraisonnée sur les sites, les paysages et les départements susceptibles d’accueillir de telles structures… », et in fine « …d’implantations anarchiques et excessives… ». On assiste en fait à une fantastique empoignade entre les promoteurs éoliens. Tous les coups sont permis pour s’assurer l’exclusivité des sites. Extraits de cadastre en main, les envoyés des promoteurs font la tournée des propriétaires terriens et essayent de faire signer des promesses de bail. Pour être sûr de griller les concurrents, des promoteurs ont même été amenés à signer ferme des baux alors qu’ils n’étaient pas assurés que le projet verrait le jour.



4-LES PRINCIPAUX AUTRES ACTEURS

4.1-EDF.
EDF qui devait racheter à perte le MWh éolien n’avait jamais été un partisan de l’éolien. L’arrêté de juin 2001 s’est révélé un coup très dur. Pour limiter ses pertes, EDF a décidé de changer son fusil d’épaule : EDF allait produire de l’éolien et ainsi se payer les 83,8 € à lui-même. Pour cela EDF a acquis 50% de SIIF Energies du fameux A.Antolini. En Languedoc-Roussillon SIIF avance via sa filiale Energies du Midi (EdM) (bureaux à Béziers et Toulouse) Bien entendu EdM se doit de griller le maximum de concurrents et emploie les mêmes méthodes avec même plus de pugnacité. EdM a un avantage : elle se targue de sa qualité d’EDF c.-à-d. comme quelque chose de quasi officiel. Cela marche avec certains maires. Alors, si pour chaque projet, EDF l’emporte, c’est toujours cela de gagné et la moitié des 83,8 € va à EDF. Si au contraire le projet capote, EDF n’aura pas à payer 83,8 € à un tiers. De plus, si EDF a la maîtrise des projets il pourra gérer le raccordement des sites suivant sa propre planification d’extension du réseau.

4.2-Les maires. Les maires qui décident souverainement (l’accord des conseillers municipaux n’est pas nécessaire) de refuser ou d’accepter les projets sont soumis à des pressions formidables. Si le maire refuse le projet, le préfet entérine pratiquement toujours cette décision. Par contre si le maire accepte, c’est à la préfecture avec tous ses services (Commission des sites (éventuellement), DDE, DIREN, RTE, etc.) d’apprécier favorablement ou non le projet.
On bluffe le maire avec une  « étude  d’impact » totalement partiale et en faveur du promoteur (ce qui est normal puisque c’est lui qui la fait). Des experts à la compétence souvent contestable et payés par le promoteurs ne peuvent que revendiquer l’innocuité totale du projet et ses bienfaits pour la commune. Les nuisances pour la ou les communes voisines n’ont pas à être prises en compte car les maires de ces communes sont sans action possible vis à vis du permis de construire. Les hypothèses de calcul de la taxe professionnelle sont toujours tirées dans le sens le plus favorable. Quand c’est « Energies du Midi » le promoteur, il se présente implicitement comme « EDF » (qui possède effectivement 50% de SIIF Energie, maison mère d’Energies du Midi). Comment un promoteur peut-il se démarquer par rapport aux autres et emporter le morceau ?
Une situation très intéressante pour le promoteur existe quand le maire est propriétaire de terrains susceptibles d’accueillir des machines. On n’empêchera pas alors les gens de penser qu’un loyer attractif pourrait peser sur sa décision. Interrogé dans un tel cas, un maire a avoué que sa femme était propriétaire de la parcelle, mais a-t-il rétorqué : « j’ai un contrat de séparation ! »
Le résultat de telles pratiques est désastreux pour l’environnement. Machines de 100 m en bout de pale placées tout près des habitations (230 m : projet de St Félix Lauragais), villages cathares défigurés (Avignonet), nuisances sonores (Sallèle-Limousis, Fitou, Pic de Merdelou), limite de 12 MW par site allègrement foulée au pied (St Félix, Pic de Merdelou et plusieurs autres), etc.
Heureusement que tous les maires ne sont pas comme cela et qu’une bonne partie d’entre eux préfèrent la concertation, la transparence et la démocratie.
Beaucoup d’habitants riverains de sites existants disent la chose suivante : « j’ai (ou quelqu’un de ma famille a) voulu construire une villa et on a refusé le permis de construire sur la base de l’article R111.21 du code de l’urbanisme qui dit que cela porte atteinte au caractère ou à l’intérêt des lieux avoisinants, aux sites et aux paysages naturels. Pourquoi cela ne s’applique-t-il pas aux aérogénérateurs industriels géants ? » Cette question pourtant très légitime reste sans réponse.
 Les promoteurs usent aussi d’une tactique éprouvée : ils proposent des implantations en bord de territoire de la commune. Ils disent au maire : vous aurez la taxe professionnelle (TP) mais pas les nuisances (qui sont pour la commune voisine) Ils vont ensuite voir le maire de cette commune voisine et lui disent : vous avez les nuisances et pas de TP alors pourquoi ne pas prendre quelques éoliennes, les nuisances sont là de toute façon et en plus vous aurez aussi de la TP.
Si un maire refuse, il mécontente les propriétaires des terres sur lesquelles seront mises les machines et les membres du conseil municipal qui veulent de la TP. S’il accepte, il mécontente les riverains des machines (de son village et/ou de celui d’à coté) Les propriétaires des terres voisinant les éoliennes apprécient peu de louper la manne à quelques dizaines de mètres près. Les éoliennes n’améliorent pas « la paix des clochers »
Si certains maires refusent nettement et sans barguigner, d’autres acceptent avec la plus grande transparence. Certains, « subjugués » par les promoteurs préfèrent la discrétion la plus grande et ne veulent pas de débats contradictoires. D’autres, une minorité heureusement, refusent d’abord de communiquer les documents auxquels ont droit les citoyens (POS, modifications de POS, demandes de permis de construire, etc.) Il faut invoquer la CADA ou venir avec un avocat pour finalement les obtenir de très mauvaise grâce. Ils refusent ensuite de reconnaître le moindre problème : « le promoteur s’occupe de tout !» Enfin une minorité, montre un acharnement frénétique tel pour l’éolien, même quand la majorité du conseil municipal et la très grande majorité de la population sont contre, qu’on en vient à ne plus se demander pourquoi ! A St Felix Lgs-Montégut Lgs-Roumens, les 3 municipalités ont approuvé la demande de permis de construire sans au préalable informer ni consulter la population (à part une timide mention d’une « étude » dans un bulletin municipal) Même chose à La Force (11) pour une machine de 130 m de haut.
Tout le processus commence par l’accord de la municipalité pour une « étude » qui se concrétise sur le terrain par des mats de mesure d’environ 15 m de hauteur. A ce moment le promoteur s’est déjà assuré la « maîtrise foncière » du terrain convoité. Il a fait signer des promesses de bail, avec en général un prix bien déterminé, aux propriétaires des terres sur lesquelles il compte mettre ses machines. Dans la très grande majorité des cas, le maire sait que le résultat de cette étude sous forme de dossier va accompagner la demande de permis de construire qui suivra et qui sera déposée en mairie et à la préfecture. Se méfier grandement si à ce moment le maire proclame « ce n’est qu’une étude et cela n’engage à rien… » (encore faut-il être au courant qu’une étude est en cours) L’étude faite, il devrait normalement y avoir une présentation du projet à la population par le promoteur. Le permis de construire arrive ensuite en mairie où le maire fait en général voter le conseil municipal. Surtout si le permis est accepté par la municipalité, se méfier très grandement si l’on vous dit « ce n’est pas nous qui décidons, c’est le préfet » car en fait quand une municipalité dit non à la demande de permis de construire, jamais l’on a vu la préfecture aller à l’encontre de cette décision (et la plupart des maires le savent)

4.3-La FDSEA. Les membres de ce lobby, puissant et majoritaire en Languedoc-Roussillon, sont partagés quant aux éoliennes en plusieurs groupes :
- les indifférents.
- Les membres chasseurs, font en majorité plutôt partie des opposants (voir plus loin pourquoi)
- les indifférents mais qui seraient pour à condition de récolter une partie de l’or éolien.
En tous cas, du coté de Verdun Lauragais, 2 agriculteurs (membres ou pas membres de la FDSEA ?) ont créé chacun leur société pour investir dans des éoliennes à placer sur leurs terres.
- ceux qui louent leur terres aux promoteurs et qui sont (c’est normal) très fortement pour.
La FNSEA devrait plutôt s’intéresser et s’investir dans les biocarburants et accompagner le plan gouvernemental. Elle devrait aussi soutenir ses membres ayant des gîtes ruraux et qui s’opposent à l’anarchie éolienne qui les ruine.
Les viticulteurs (qui ne sont pas à la FNSEA) sont en majorité contre et le préfet de l’Aude a décidé que les implantations seraient soumises à l’approbation du syndicat des crus qui n’est pas favorable à l’éolien.

4.4-le lobby pro-éolien.
  Ce sont d’abord les « verts » ou plutôt une fraction non minoritaire tout à fait absolutistes et intégristes doctrinaires que nous avons surnommé les « Khmers verts » et qui soutiennent les spéculateurs. Ces écologistes avec moins de 5% aux dernières législatives ont disparu du paysage politique. Il subsiste une minorité de militants aux convictions sans beaucoup de nuances. Ce sont en général des opposants fanatiques au nucléaire et par conséquent farouches partisans de l’éolien par lequel il veulent remplacer une partie importante du nucléaire. Et pour eux, si vous contestez l’anarchie éolienne c’est que vous êtes pour le nucléaire et le nucléaire, c’est le « grand Satan » !
Le précédent gouvernement ou du moins sa composante « verte » : Cochet, Voynet, on mis autant qu’ils ont pu de militants dans les structures liées à l’environnement. Nous ne donnerons que 3 exemples :
1- les discours véritablement politiques, violemment et continûment pro éolien et antinucléaire des représentants de l’ADEME (aussi bien de l’ADEME de Paris que de l’ADEME Languedoc-Roussillon) Par exemple JL Bal, Directeur adjoint des EnR (ADEME Paris), à propos des taux de rentabilité, traite carrément la CRE de menteurs (forum éolien du 22 novembre 2002 à Carcassonne). Pour un autre membre de l’ADEME L-R, « je suis écologiste… l’éolien est le moyen de sortir du nucléaire » (débat : « éoliennes et paysage » à Conques-sur-Orbiel le 14 novembre 2002)
2- nomination de P.Brie à la DIREN de Montpellier pour « la mettre au pas » dans la ligne pro éolienne.
3- l’engagement par l’ADEME de Montpellier du CAUE (Cabinet architecture, urbanisme et environnement) dont l’un des dirigeants s’est présenté comme candidat écologiste aux élections.
Des officines variées payées totalement ou en partie par le contribuable comme l’AME (Agence méditerranéenne pour l’environnement), l’ENE (Espace nature et environnement, le CLER (Comité de liaison des énergies renouvelable), etc. font de façon continue et variée le marketing intensif de l’éolien.
En tout état de cause, il est inacceptable que des membres de l’ADEME, parlant publiquement au nom de l’ADEME qui est un organisme public, se permettent de critiquer la politique énergétique du gouvernement et en particulier le volet nucléaire. Ce n’est pas le rôle de l’ADEME et si cela leur pose des problèmes de conscience ils n’ont qu’à démissionner.
Est ce dû à leur intégrisme antinucléaire ? ces militants nient totalement les nuisances d’un éolien industriel près des habitations alors qu’ils devraient lutter à nos cotés contre les excès dévastateurs pour l’environnement de promoteurs souvent peu regardant sur ce sujet. Leur démarche partisane fait que jamais ils n’apparaissent quand un maire se conduit de façon non éthique où que des sites éoliens conduisent à un saccage du cadre de vie des riverains. Au contraire, ils épaulent autant que faire se peut les promoteurs (en particulier dans les commission des sites). Par exemple personne de ces organismes ne s’est exprimé publiquement et ouvertement dans la presse sur le site d’Avignonet ; pas la moindre réserve sur leurs sites web.
Il est probable que le nouveau gouvernement remettra de l’ordre dans tout cela mais cela va prendre un certain temps et en attendant l’environnement pâti des nuisances éoliennes.
  Les Talibans de l’écologie sont épaulés dans leur campagnes par quelques hommes politiques locaux (heureusement peu nombreux) qui au lieu de protéger comme c’est leur devoir, les citoyens des nuisibles excès de la frénésie des spéculateurs, accompagnent et aggravent ces nuisances. Ces chantres du développement économique par l’importation d’aérogénérateurs industriels danois ou allemands se « tirent une balle dans le pied » en détruisant le paysage préservé unique, véritable capital patrimonial de la région. Le sénateur Courrière (à Escales dans l’Aude, été 2001) : « vous voulez transformer l’Aude en réserve indienne ! » Un autre : « il faut accepter les éoliennes par solidarité avec ceux qui ont des décharges » ( ?!)
  On retrouve, et c’est normal, les professionnels des énergies renouvelables. Le président de leur syndicat, A.Antolini : « on doit donner des instructions claires aux préfets pour l’instruction des projets éoliens, chacun faisant actuellement sa doctrine au gré des minorités agissantes qui bloquent sur le terrain la construction des aérogénérateurs » (AFP 21/11/2001 Eoliennes :cri d’alarme)

4.5-la chose publique
  L’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques a confié à deux députés (UDF et PS) l’élaboration d’un rapport sur « l’état actuel et les perspectives techniques des énergies renouvelables ». Ce rapport abondamment cité ici, peut se résumer très brièvement comme suit :
- les énergies renouvelables (ENR) sont essentielles pour l’accession à l’énergie et à l’électricité dans les pays en développement.
- pour la France elles sont importantes non pas dans la production d’électricité mais dans la consommation d’énergie dans l’habitat et les transports.
- Il faut séparer les ENR produisant de l’électricité de celles produisant de la chaleur et du carburant
- les ENR « électricité » sont surtout importantes pour l’industrie qui gagne un savoir-faire à utiliser à l’exportation et ne sont pas intéressantes pour l’approvisionnement du marché intérieur. En particulier l’éolien est trop cher. Et, même s’il est un peu plus cher, seul l’éolien off shore doit être envisagé.
- les ENR « chaleur-carburant » (solaire thermique, pompes à chaleur, habitat bioclimatique, biocarburants) sont d’un intérêt décisif pour réduire la dépendance extérieure et les émissions de gaz à effet de serre de l’économie française.
- il faut grandement intensifier la recherche sur les ENR intéressantes et favoriser le développement de l’industrie française face à la concurrence étrangère. Il faut enfin démarrer 2 plans : l’un sur les « bio-toits intelligents », l’autre sur les biocarburants indépendants.
Bref, le gouvernement Jospin devait absolument revoir sa copie. Ce devrait être la mission du présent gouvernement.
  La loi est en matière d’urbanisme tout à fait permissive vis à vis de l’éolien.  En fait vis à vis des éoliennes c’est le vide juridique et réglementaire total dans lequel se sont engouffrés les prédateurs éoliens. Le décret-loi Bouchardeau a oublié les éoliennes. Si en fin de bail la société propriétaire des machines se met en faillite, elle laissera à d’autres le coût de la remise en état alors que pour les carrières par exemple, l’exploitant doit prendre une assurance. L’implantation d’éoliennes est un processus de « développement durable » qui devrait nécessiter une enquête publique, une étude d’impact contrôlée au moins par la DIREN. Il manque une cartographie nationale permettant de se préserver du développement anarchique actuel. Le principe de précaution devrait permettre d’obtenir l’attente d’une réglementation à venir. De fait nous défendons l’intégrité des sites qui font partie du patrimoine national contre une pression financière sans contrôle suffisant dû à l’oubli de l’éolien dans la loi-règlement d’urbanisme. Nous sommes proprement dans une situation de risque du fait accompli, suspendus à la décision des maires, sans législation et sans cartographie nationale. Il est donc urgent d’attendre. D’ailleurs signe qui ne trompe pas : les pays européens, en avance sur nous, font marche arrière. Le Danemark, en particulier, vient d’arrêter de faire racheter au prix fort le kWh éolien pour « stopper le vandalisme du paysage ». Il importe aussi que soit transposée dans le droit français la directive européenne du 3 mars 1997 relative aux études d’impact. cette directive vise à soumettre les parcs d’aérogénérateurs à enquête publique. C’est également dans ce sens que va la proposition de loi du sénateur J-F Le Grand (25 avril 2001). Nous attendons les décrets d’application
  Les services préfectoraux et autres (préfet, DDE, etc.) se trouvant devant un vide juridique béant ne peuvent le plus souvent qu’entériner les décisions des maires. La commission des sites de l’Aude comporte un écologiste éolien d’ECLA. La DIREN a publié une carte de l’Aude avec des zones avec vent moyen inférieur à 6 m/s et sur lesquelles il ne faut normalement pas implanter de machines. Les investisseurs n’en tiennent absolument pas compte : pour EDM (à Mireval le 12/12/2001) : « la DIREN se trompe, leurs données sont fausses ( !). Les préfets, devant la multiplications anarchique des projets et des demandes de raccordement (qui ne pourront pas être tous satisfaits) organisent des schémas/chartes éoliens départementaux (Finistère, Aude, Haute Garonne, etc.) Dans l’Aude les associations pour et contre, les constructeurs, les élus et les services concernés de l’état vont travailler ensemble à l’élaboration de la chose.

4.6- les associations anti-anarchie éolienne. L’implantation anarchique d’aérogénérateurs industriels gigantesques par l’atteinte au paysage, le saccage du cadre de vie, la baisse de valeur des habitations et toutes les autres nuisances n’a pas manqué de soulever une légitime indignation. Des associations se sont formées pour résister partout où sévit l’armée d’occupation éolienne. Ces associations se sont fédérées dans le collectif VENT DE COLERE ! Ce collectif regroupe :
ADPL : association de défense des paysages du Larzac
ACSC : association des collines de Saint Chinian
ADENL : association de défense de l’environnement en Nord Lauragais
ABV : association Bon Vent !
APROMI & Co : association de protection du Minervois
Mont Iratis : Monze – Montirat (Trèbes)
ASMTPC : association de sauvegarde de la montagne de Tauch en pays cathare
EVIA : éoliennes vigilance information action
ABVT : association bien vivre en Trémouillois
CDSP : comité de défense du site de la Portanelle
AAB : association Argelat du Bouichet (34)
APS : association Portel Sigean
ADCF : association de défense des collines de Fontfroide
Aparant (84)
APSA : association pour la protection des sites des abers
AS : association Sérignan
AE : association Engoulevents (34)
APC : association Peux et Couffouleux
ASPABE (14)
APPEM : association pour la préservation des paysages exceptionnels du Mezenc (43)
APREL (34)
DPHC : défense des hauts cantons (34)
CSE : collectif Stop-Eole (26)
ADREPM : association de défense et de réflexion sur l’environnement du pays de Mounès (12)
ADELL : association de défense de l’environnement du lac de Laouzas (81)
ATEP : association Tavel environnement protection
ADEPS : association de défense de l’environnement du pays de Sillé (72)
ADET : association de défense de l’environnement de la Tet (66)
APVSJ : association de protection de la vallée de Saint Jean (05)
ABVC : association bien vivre en Caux
De nouvelles associations se constituent et viennent nous rejoindre au fur et à mesure des nouveaux projets.
Nous essayons dans la mesure de nos moyens d’informer la population ainsi que les maires et conseils municipaux. Quand nous pouvons obtenir les études d’impact, nous faisons des contre-dossiers pour les DIREN, DDE, commission des sites, etc. Nous portons la contradiction dans les débats (grand-messes) organisés par les promoteurs éoliens. Nous attaquons les permis devant le tribunal administratif. Ce n’est pas pour notre plaisir. Si les promoteurs payent leurs avocats avec l’argent des contribuables et des consommateurs d’électricité, nous payons les nôtres en sortant l’argent de notre poche. En fait l’action en justice est souvent le seul moyen de nous faire entendre.



5-LES AUTRES ENJEUX

5.1-la location des terres. Les valeurs connues sont d’environ 6000 francs pour 750 kW (Avignonet) et 10000 francs pour 1,5 MW (Montmaur Montferrand). On peut en inférer environ 15000 francs pour 2MW. Ce loyer est à comparer au prix de l’hectare (en gros l’emprise d’une éolienne) Cela apparaît comme vraiment intéressant et plus encore si on se trouve sur des terres au rendement agricole médiocre. Pour cette raison, de nombreux agriculteurs se sont manifestés en particulier auprès de la FDSEA pour obtenir des éoliennes sur leurs terres. C’est quand même trop peu payé pour les nuisances supportées peut-être par les propriétaires s’ils habitent à proximité, mais surtout par tous les habitants du voisinage qu’ils soient ou pas de la même commune. Là encore les éoliennes vont troubler la paix des clochers. Les bailleurs sont de plus laissés dans l’ignorance de leurs responsabilités en cas de problèmes graves et de la carence des preneurs.

5.2-la taxe professionnelle. La TP est en général celle qui va exister dans les communautés de communes. Indépendamment des éoliennes, les simulations sur une TP unique ont montré que les petites et moyennes communes vont toutes recevoir une TP supérieure (pour la plupart d’entre elles) ou égale à ce qu’elles touchaient auparavant. La TP des éoliennes sera très vraisemblablement partout une TP unique comme c’est déjà le cas dans d’autres communautés. L’intercommunalité peut voter une dotation préférentielle pour les communes subissant les nuisances ; mais se déduiront d’abord la part de la région, celle du département et ensuite la péréquation sur toutes les communes. D’après un spécialiste de la DDE, c’est le bout du monde si les communes concernées touchent 25 à 30% de la TP totale versée. Le montant indiqué par Energies du Midi est de 110000 francs pour une machine de 1,5 MW (Montferrand-Montmaur). On ne sait pas avec quel taux est calculée cette TP. Les promoteurs font en général miroiter aux maires des montants très supérieurs aux montants réels. De plus ils ne parlent pas de l’exonération temporaire de 2 ans s’appliquant aux zones éligibles à la prime d’aménagement du territoire (presque toute l’Aude est dans ce cas). Ici encore, les sommes en jeu sont sans commune mesure avec les nuisances causées.



6-EFFETS PERVERS

6.1-implosion sociale des villages
: comité des fêtes dissous, scission entre pro et anti éoliens, agressions verbales des élus par l’un ou l’autre camp, suspicion de favoritisme vis à vis des propriétaires de parcelles qui auront des machines, colère de ceux qui n’auront que les nuisances, frustrations de ceux qui apprennent qu’on a décidé (légalement) sans jamais les avertir au préalable, suspicion de corruption, etc. La rétention d’informations, le manque de transparence et pour tout dire de démocratie de quelques élus sont-ils totalement étrangers à cet état de fait ?

6.2-Image de marque désastreuse des promoteurs : leurs méthodes, évoquées plus haut, font que, même si ce n’est pas le cas, ils apparaissent plus, comme une bande de vautours cupides se battant pour emporter la signatures des propriétaires et le consentement des maires, que comme des entreprises citoyennes, transparentes, responsables et soucieuses de recueillir un large consensus ? La propagande maladroite et outrancière des militants écologistes, des ADEME, CAUE, AME, etc. ne fait rien semble-t-il, pour arranger les choses.



7-LES NUISANCES

On trouvera des exemples de la plupart de ces nuisances dans l’enquête de C.Laumonier et Flory de décembre 1999 effectuée par le CSTB à la demande de l’ADEME sur le site de Sallèles-Limousis connecté au réseau en juillet 1998.

7.1-le saccage du paysage. On pourrait penser que la nuisance environnementale est subjective et varie en fonction des individus. Apparemment il n’en est rien, sans cela pourquoi partout (Larzac, Morvan, pays de Caux, Bretagne, Alsace, Corbières, Lauragais, Corse et ailleurs) tant d’associations se battent-elles contre les outrages au paysage que constituent les implantations anarchiques d’éoliennes. Le directeur général de SIIF Energies lui-même le dit (« Le Monde » 06/07/2001) : « Si nous ne sommes pas soigneux, du point de vue du paysage, du respect de la faune, de la flore, des oiseaux, notre industrie n’ira pas loin » ; et un autre directeur de SIIF : « Ce qui divise le plus, c’est l’impact paysager. C’est très réducteur, mais c’est comme çà. ». Comme le résume Benoit Hopquin du journal « Le Monde » en parlant de l’Aude : « L’érection anarchique de gigantesques rotors, d’abord bien accueillis, entraîne aujourd’hui une opposition grandissante » Il cite Jean-Michel Germa, président de France énergie éolienne (FEE), la fédération du secteur, qui s’inquiète des conséquences de l’avidité des chasseurs de vent : « Par des tarifs attractifs, on a ouvert les vannes. On voit arriver des gens sans expérience, sans aucune responsabilité écologique, qui font n’importe quoi, ce qui entraîne le rejet de l’éolien par une population au départ favorable » (« Le Monde » 06/07/2001)  C’est contre ce « n’importe quoi » qui vandalise notre patrimoine commun pour des raisons purement mercantiles que nous nous battons. C’est une farce sinistre et amère que de voir l’expert paysagiste « indépendant » ( !) « missionné » (= payé) par Valorem se vanter de l’intégration parfaite des aérogénérateurs géants dans le paysage de Monze – Montirat (Aude). En parlant de l’insertion paysagère, le Guide de l’Energie Eolienne (GEE), produit par l’ADEME et d’autres organismes, dit : « aucune autre nuisance ne suscite davantage de critiques ». On interdit les éoliennes sur les zones classées parce qu’elles sont une nuisance. C’est cette même nuisance que nous refusons.

7.2-le tourisme sinistré. Les touristes de l’Europe du nord sont scandalisés par le saccage des sites préservés (« Daily Telegraph » 16/8/2001). Ils connaissent déjà les nuisances éoliennes dans leur pays et ne veulent pas les retrouver comme touristes. Plusieurs ventes de propriétés à des étrangers ont déjà été annulées à cause de projets éoliens à proximité. Un anglais entrain d’acheter une propriété de 40 millions de francs près de Saissac, a cassé la vente en apprenant qu’il allait y avoir des éoliennes dans toute l’Aude (« La Dépêche du Midi » 14/10/2000). Ce qui passionne le touriste, en plus de paysages extraordinaires, c’est le patrimoine architectural et naturel des régions marquées au Moyen Age par le phénomène religieux et social du Catharisme. Le Programme de Développement Interdépartemental « PAYS CATHARE » se concrétise en une charte initiée par le Conseil Général de l’Aude et signée par de nombreux élus et responsables. « Le but est
- de contribuer à la prise de conscience de l’identité et de l’originalité du Pays Cathare au moment de la construction européenne.
- de développer les rapports économie-culture dans le cadre d’un programme de développement local intégré.
- de préserver et de perpétuer les lieux de mémoire de l’histoire du catharisme et du Pays Cathare. »
Prenons le cas de l’Aude, beaucoup de villes ou villages sont homologuées ou homologuables « Cités du Pays Cathare », en particulier : Labécèdes-Lauragais, Mas-sainte-Puelles, Mireval-Lauragais, Pexiora, Saissac, Tuchan, Villardonnel, Villasavary, Villeneuve-la-Comptal, etc. Il y a aussi Avignonet (Hte-Garonne). Ces « cités » doivent en particulier : « s’efforcer d’effacer du paysage les différents réseaux de distribution d’électricité ou de téléphone, ainsi que les antennes de télévision »
 « L’objectif pour l’Aude pour les 10 années à venir, est d’atteindre un minimum de 100 000 visiteurs par an. Tous les acteurs de l’économie sont concernés par les retombées financières, directes ou indirectes de cette fréquentation. »
Le dilemme est implacable : si on implante des aérogénérateurs industriels : plus de cités cathares, plus de pays cathare, plus de 100 000 touristes, plus de retombées financières mais pertes d’emplois de loin non négligeables. En contre partie un opérateur situé n’importe où en France surveille sur ses terminaux plusieurs parcs d’aérogénérateurs à la fois. L’éolien produit bien en gros 1 emploi par MW mais dans les usines des constructeurs (danois ou allemands). Apparemment les hautes autorités responsables de la chose touristique ne se sont pas encore manifestés. Par contre les gens de terrain : gîtes ruraux, campings, tables d’hôte, restaurants, hôtels, centres de tourisme équestre, fermes auberges, activités de sport et nature (randonnées, kayac, etc.) et toutes les activités annexes secondaires liées au tourisme, sont fous de rage et se considèrent comme potentiellement ruinés. Les maires qui veulent des éoliennes devraient songer à tout cela avant d’envisager à quoi ils vont consacrer un peu de TP en plus. Beaucoup d’acteurs de la filière touristique sont des agriculteurs gagnant par-là un second revenu et verraient d’un bon œil une aide de la FDSEA dans leur action.
Certains vous disent que les touristes à Ibiza ne sont pas gênés par les aérogénérateurs industriels de l’île. En effet ces touristes adeptes du « sea, sex and sun » passent le jour sur la plage et la nuit dans des boites de nuit. Peu leur chaut  l’arrière pays . Les autres non prévenus à l’avance sont obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur en attendant l’avion du retour.
7.3-la baisse de valeur des habitations. A 500 mètres (et moins) d’un aérogénérateur industriel géant, aucune habitation n’est plus vendable. On considère qu’il faut 10 km pour que la décote immobilière devienne pratiquement nulle. De 500 m à 10 km la décote passe de 100% à environ 0% de façon grossièrement proportionnelle. . Cette chute de valeur traduit directement la détérioration du cadre de vie. Le directeur d’EdM, JM Bouchet a reconnu publiquement l’existence d’une décote (présentation EdM à Mireval 12/12/2001) mais pour lui elle est négligeable. Les riverains des machines attaquent au civil pour trouble de jouissance et de voisinage le maire, le préfet et le promoteur pour demander l’abandon du projet ou sinon le rachat total avec forte indemnité de leur habitation.
► Si malgré son surcoût on tient à faire de l’éolien (pour avoir un retour d’expérience et des références pour l’exportation), on doit le faire off shore. Sur le continent il faut que ce soit dans une zone désertique à au moins 100 fois la hauteur en bout de pale (soit 10 km pour 100 m en bout de pale) de toute habitation. Si de telles zones n’existent pas, il est possible de les créer en rachetant au marché libre suffisamment d’habitations. Evidemment s’il faut racheter tout un village, ça sera peut-être trop cher. Il y a donc un point d’équilibre financier qui permet d’accepter ou de rejeter une zone donnée. Les investisseurs pourront se regrouper pour unir leurs moyens et éviter ainsi le mitage du territoire.
On pourrait concevoir que l’électricité éolienne soit subventionnée : on a bien subventionné le Concorde, les autoroutes, le TGV, etc. L’énorme différence c’est que si on arrête de subventionner une autoroute, on peut encore l’utiliser. Si on arrête de subventionner l’éolien (c.-à-d. de ne plus payer que 25,9 € le MWh produit), il faudra l’abandonner : on ne peut plus payer la location, la TP, l’entretien, l’amortissement des machines, etc ! c’est ce qui se passe aux Etats Unis là où on a supprimé la « production tax credit » les propriétaires des machines les donnent à qui veut bien les prendre !

7.4-la nuisance sonore permanente. Le bruit provient de la mécanique (engrenages, transmissions dans la nacelle), de l’air sur les pales et le mât et surtout du bruit de fouettement lorsqu’une pale passe devant le mât. Ces bruits sont proprement insupportables. A Sallèles-Limousis les machines qui ne font que 750 kW s’entendent distinctement à plus d’un km sous le vent. Il suffit d’aller par brise de NO au domaine viticole de La Villatade pour se rendre compte de la nuisance. Autre exemple, à  « La Bouyssière de blanc » 12360-Peux-et-Couffouleux, un gîte rural dans un paysage somptueux se trouve à 1300 m de 12 machines de 1,3 MW et à 400 m de dénivelé en dessous des machines : le bruit est énorme. Les propriétaires sont proprement ruinés. Chez de très nombreux riverains le bruit de fond extérieur est extrêmement faible : 25-30 dBA. La machine peut démarrer avec un vent très faible au sol et de 4 à 5 m/s en haut de mat. A 1000 m du mât l’ « émergence » est relativement énorme. Avec 8 machines on la multiplie par 3 et si en plus le site se trouve dans une zone où le vent moyen au sol est inférieur à 6 m/s, c’est pratiquement permanent. Une étude de l’université royale de Groningen montre que l’extrapolation des vitesses du vent à partir des relevés des mats de mesure est tout à fait fausse la nuit (www.rug.nl/cis/journal/archief_2002/) A 3000 mètres on entend encore les machines mais de façon réduite. Nous demandons 50 fois la hauteur en bout de pale comme distance minimale des habitations pour éliminer toute nuisance sonore. Actuellement de nombreux projets, réalisés ou encore à réaliser, mettent sans vergogne des machines de 100 m et plus en bout de pale (rotors de 80 m de diamètre et plus) à moins de 500 m d’habitations.

7.5-la fuite des réserves cynégétiques. Le Manifeste de Darmstadt (en français sur www.eoliennes.net) précise en parlant des personnes exposées directement aux aérogénérateurs : « il y a un nombre croissant de plaintes à propos de symptômes tels qu’irrégularités du pouls et états anxieux, qui sont reconnus comme effets des infrasons (sons de très basse fréquence) » Les animaux sauvages beaucoup plus sensibles et réceptifs désertent définitivement  les zones industrielles que sont les forêts d’aérogénérateurs. Les Fédérations de chasseurs s’élèvent vigoureusement dans les régions concernées (Tarn, Hérault, etc..) contre les machines (nous tenons à disposition une lettre du président de la Fédération des Chasseurs du Tarn) Randonneurs à pied et surtout à cheval seront également bien avisés d’éviter ces zones.

7.6-les autres effets sur la santé. En plus des effets des infrasons il y a les effets conjugués acoustiques et optiques (le Manifeste de Darmstadt à propos des riverains : « gens malades et incapables de travailler, décrivant leur vie comme insupportable »). A contre jour la lumière coupée par les pales à 70-90 tours/minute ou dans la direction contraire, le reflet des pales sur le soleil provoque un effet stroboscopique extrêmement pénible à supporter. En Angleterre à Marton, Askam et Ireleth (Cumbria) les riverains d’une centrale éolienne disent qu’il empêche de profiter des jardins et fait peur aux animaux (sur www.windfarm.fsnet.co.uk). Le Guide de l’Energie Eolienne produit par l’ADEME et d’autres organismes explique qu’avec une vitesse de rotation des pales de 26 tours/minutes, le mât voit passer devant lui 3x26=78 pales/minute. Il y a émission d’un bruit sourd et grave 78 fois par minute ; proche du rythme cardiaque, ce phénomène peut provoquer par résonance des troubles, nausées chez des sujets prédisposés fragiles. L’effet stroboscopique (déjà évoqué plus haut)  peut entraîner des troubles épileptiques sur les enfants prédisposés. Le principe de précaution devrait imposer pour cette nuisance une distance minimale de 20 fois la hauteur en bout de pale.

7.7-tribut payé par les oiseaux. En mer les oiseaux migrateurs volent au-dessus des éoliennes off shore. En mer il n’y a pas de rapaces. Sur « terre », les migrateurs traversant les champs d’aérogénérateurs payent un lourd tribu. Les rapaces sont complètement perturbés et là aussi on pourra aller en ramasser au pied des machines. Il est plus que navrant d’avoir vu quelques membres dévoyés de la LPO se laisser « missionner » par les spéculateurs pour produire des rapports expliquant combien ces machines sont bonnes pour les oiseaux. Certaines sections locales LPO ont présenté soudain d’importants montants pour « expertises » liées aux implantations éoliennes. Devant les protestations des associations qui comportent souvent des membres de la LPO, la direction nationale de la LPO a publié un avis interdisant à ses membres d’être « missionnés » par des promoteurs éoliens.
Pour ceux que cela intéresse, une étude faite en Navarre sur 10 parcs éoliens (la province en compte 22) représentant 400 machines, a dénombré (méthode de Winkelman) entre mars 2000 et mars 2001 : 450 rapaces divers (vautours, aigles, faucons, milans, busards), 700 chauves-souris et 6000 petits oiseaux tués.

7.8-travaux d’installation. Il faut pour installer les machines sur les crêtes faire des routes de 4,5 à 5 m de large, sans courbures trop prononcées et suffisamment solides pour des engins gros porteurs et d’énormes grues (supportant au minimum12 T/essieu) Avant passait là généralement un sentier de randonnée. On rétorquera que du moment que le site est déjà « salopé » par les machines, quelques routes supplémentaires (et souvent de nombreux arbres en moins) ne changeront plus grand chose. Les propriétaires des terrains qui seront traversés par les lignes de raccordement (enterrées ou non) peuvent refuser. Ce n’est pas d’ « utilité publique » et personne ne peut les contraindre à accepter. Les projets requièrent de plus une bouche à incendie de forte pression et gros débit à financer par la commune. Si des arbres sont conservés sur le site, ils nécessitent un élagage et un nettoyage des sols financé par la commune.

7.9-obstacle au reboisement. Une filière  très intéressante et largement évoquée par C. Birraux et J-Y Le Déaux (p.163) est la filière bois. Déjà plusieurs communes se lancent dans le reboisement (Mas-Saintes-Puelles par exemple). Si vous reboisez vous avez besoin que les Canadairs puissent venir éteindre les incendies éventuels. Vous avez également besoin de traitements par hélicoptères. Avec des éoliennes (100 à 140 m en bout de pales), plus de Canadairs ni d’hélicoptères.

7.10-augmentation du prix de l’électricité payé par le consommateur (voir 2.6)

7.11-gaspillage insensé dû à la constructions de centrales thermiques ou de tranche nucléaire pour pallier l’intermittence de l’énergie fournie par un parc éolien trop important. (Voir 2.3)

7.12-obstacle à la télévision terrestre. Lorsque les machines sont entre les habitations et l’émetteur, on ne reçoit plus la télévision correctement. Les sociétés implantatrices payent des paraboles mais avec lesquelles on a pas toutes les chaînes gratuites. De plus quand arrivera la télévision numérique terrestre le problème sera encore plus insoluble. Il est possible d’installer un relais mais il faut un canal disponible ce qui n’est pas souvent le cas. Exemples à Dinéault (Finistère) ou à Plouarzel (« Le Télégramme »  01/07/2002)



8-KYOTO ET LES GAZ A EFFET DE SERRE (GES)
 
La production en France des GES : CO2, CH4 (méthane), N2O (protoxyde d’azote), HFC (hydrofluorocarbures), PFC (perfluorocarbures) et SF6 (hexafluorure de soufre) se répartie comme suit : CO2 :70%, N2O :16%, CH4 :12%, le reste :2%.
L’objectif de Kyoto : réduire les émissions de GES en 2010 par rapport au niveau de 1990, 8% pour l’union européenne, 0% pour la France qui, à cause du nucléaire ne produit que peu de GES par rapport au reste de l’Europe.
L’origine par secteur et la prévision de croissance 1990/2010 sont, en France, les suivantes :
- Transport      27%     (+10,3%)
- Industrie        21%     (+6,5%)
- Bâtiment        20%     (+2,1%)
- Agriculture     16%     (+0,3%)
- Energie          13%     (+3%)
- Déchets …    4%
Même s’il est faible par rapport au reste de l’Europe, la France a donc quand même un effort à faire sur les GES. Mais à part l’électricité utilisée dans les chauffe-eau, L’ELECTRICITE EOLIENNE EST QUASIMENT SANS AUCUN EFFET SUR LES EMISSIONS DE GES. Au contraire, à cause des centrales de réglage, l’éolien va provoquer une augmentation des émissions de GES.
Il serait temps que les promoteurs éoliens et leurs supporters écologistes arrêtent d’utiliser cet argument erroné et mensonger.
Un autre argument repris par lobby éolien est, qu’après Kyoto, l’Europe a sorti sa directive demandant que soit augmentée la part d’énergie renouvelable dans la production totale. Soit pour la France : 21% d’énergie renouvelable en 2010, soit 35 TWh éoliens nécessitant 14000 MW éoliens installés en 2010 (Birraux-Le Déaut p.177). En conséquence, « la France s’est  engagée » à installer ces 14000 MW. Eh bien non, la France ne s’est jamais engagée à quoi que ce soit. Par contre un ministre « vert » et le secrétaire d’état à l’industrie ont pris la décision totalement politique de subventionner abusivement l’éolien. D’autre part, la Commission Energie de l’Europe a bien spécifié que cette directive est sans contrainte ni pénalité. Elle a également précisé qu’on ferait le point en 2004 et qu’il ne se passerait rien pour les pays n’ayant pas atteint l’objectif de la directive. La commission européenne de l’énergie sait très bien qu’un pays ne peut pas atteindre à la fois les objectif de Kyoto sur les GES et les objectifs en énergie renouvelable de la directive. Le Danemark qui tire 17% de son énergie de l’éolien est le champion d’Europe des émissions de GES par habitant (avec un coût du kWh triple du prix français) Alors ici aussi il serait temps que cet argument fantaisiste d’un prétendu engagement de la France soi définitivement écarté du débat.
 


9-EOLIEN ET NUCLEAIRE

L’énergie éolienne serait autant d’énergie nucléaire (donc de déchets) en moins. La France a produit 490 TWh (milliards de kWh) en 2000 se répartissant comme suit : nucléaire : 75%, hydraulique : 14,9%, thermique : 10%, éolien : 0,16%. Le solde de la balance exportation-importation représente environ 15% de la production. Nous exportons chez tous nos voisins : G-B, Bénélux, Allemagne, Suisse, Italie, Espagne. Qu’on l’apprécie ou qu’on le déteste, le nucléaire est là pour encore quelques dizaines d’années. Ce n’est pas l’apport éolien intermittent et minuscule (et qui doit le rester, on l’a vu) qui va amener les responsables à réduire la production nucléaire. L’électricité éolienne va tout au plus permettre d’en exporter un peu plus, mais à quel prix. Les français (voir le récent sondage du Cecop) voudraient pouvoir se passer du nucléaire, mais sont conscients que ce n’est pas souhaitable dans l’immédiat, pour des raisons de développement économique et d’indépendance énergétique. En tout état de cause, si on remplace le nucléaire par quelque chose d’autre, cela ne peut pas être par de l’éolien, trop cher et intermittent (ne marchant qu’un tiers du temps) En attendant, dans tous les pays, le nucléaire a le vent en poupe. Pourquoi ? Parce que le problème de la sécurité et celui des déchets mis à part, il a un coût attractif (3 fois moins cher que l’éolien avec les nouveaux réacteurs EPR), il a un coût prévisible (indépendant du cours du dollar, de l’OPEP et des conflits) et surtout il n’émet pas de gaz à effet de serre. De plus il y a de l’uranium pour au moins encore 60 ans. La limitation des rejets de gaz à effet de serre de l’accord de Kyoto est impossible sans le nucléaire. Le World Energy Council, regroupant tous les professionnels, y compris « pétroliers » et « gaziers » a émis le verdict iconoclaste suivant : un monde vivable en 2050, c.-à-d. ne produisant qu’un minimum d’effet de gaz à effet de serre, nécessiterait la construction de trois fois le parc nucléaire actuel ! (« Le Point » n°1550 31/05/2002) La sécurité : sans parler des fuites de radioactivité, diminuer les risques d’un Tchernobyl bis passe (ce n’est pas rien !) par le démantèlement des treize réacteurs RBMK et des 11 vieux réacteurs WER 440-230 en activité en Europe de l’Est (« Sciences et Avenir » n°665 juillet 2002). Les déchets sont un pari sur l’avenir et, en attendant, un très gros problème. Il y a 430 réacteurs en activité dans le monde plus 34 en construction et 16 en commande. Le Danemark n’a pas de réacteur, produit 17% de son énergie en éolien, affiche des tarifs prohibitifs (0,19 euros le kWh contre 0,078 en France) et détient le record européen des rejets de CO² les plus élevés par habitant (« Le Point » n°1550 31/05/2002).



10-BIO-DIESEL (Le Monde 29-10-2002, The Guardian 21-10-2002,Sciences & Vie 12-2002)
En 2001, un agriculteur de la région de Castres faisait rouler ses tracteurs, son automobile diesel et celles de quelques-uns de ses amis avec un carburant fabriqué à partir d’huile végétale. Il a été traîné par les douanes devant les tribunaux pour n’avoir pas payé la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers représentant plus de 50% du prix de vente des carburants pétroliers). Le produit utilisé n’est pas un produit pétrolier mais c’est un carburant et il a été condamné.
En fait la recette est simple : prenez n’importe quelle huile végétale (palme, maïs, soja, citrouille, coco, colza, tournesol, huile de friture usagée, …), filtrez la pour la débarrasser des impuretés, mélangez une proportion précise de méthanol (alcool de bois) ce qui va permettre d’enlever la glycérine et c’est tout. Le liquide obtenu a exactement les mêmes propriétés que le gazole pris à la pompe.
Ce « bio-diesel » a de nombreuses qualités écologiques :  il est totalement biodégradable, ne provoque ni cancer ni allergie, produit à volume égal plus d’énergie que le gazole. Il réduit les émissions de particules (-50%), de monoxyde de carbone (-10% de CO). Il génère une légère augmentation de gaz carbonique (+2% de CO²) mais la quantité de gaz à effet de serre produits par la combustion est compensée par l’absorption de la plante quand elle pousse. De plus, les déchets protéinés produits par la fabrication de l’huile sont recyclables dans la nourriture des animaux.
Mieux : l’Europe a reconnu les huiles végétales comme biocarburant. A ce titre elles bénéficient d’une exonération totale de la TIPP. Et c’est en contradiction avec la législation européenne que l’état français traîne l’agriculteur de Castres et aussi la coopérative agricole Valenergol devant les tribunaux. Valenergol a fait appel. Une autre association, « Roule ta fleur » produit également du bio-diesel.
En Grande-Bretagne aussi, la police attrape ceux qui ne paient pas la taxe sur les carburants. Mais comme en France, de plus en plus de particuliers fabriquent clandestinement leur carburant avec au besoin de l’huile de cuisine achetée au supermarché du coin. Les militants écologistes anglais fournissent la recette de fabrication. Le gouvernement anglais a décidé d’une réduction fiscale (63 pences le litre au lieu de 75) pour ce carburant dont la demande est en forte croissance. Parmi les nombreux fabricants officiels, une petite entreprise artisanale fait la tournée des fish and chips pour récupérer l’huile usagée.
Quelques chiffres : 1 ha de tournesol couvre les besoin d’une voiture pendant 1 an. Il faut 1500 kg de graines de tournesol pour faire 7000 km. En recyclant les 500 000 tonnes d’huiles alimentaires utilisées chaque année en France on alimenterait 500 000 véhicules.
Faire baisser ou supprimer la TIPP sur le bio-diesel pour réduire les émissions de GES et fournir en même temps de nouveaux débouchés à l’agriculture par le développement de cette filière, voilà un beau défi pour les écologistes et en particulier pour ceux de l’ADEME.



11-TEMOIGNAGES

Les témoignages sur les aérogénérateurs industriels géants sont innombrables. Pour la France on se reportera à l’enquête du CSTB de C.Laumonier et J-P Flori et au site www.eoliennes.net

Suisse. J-M Chapalle Ing.EPFL/SIA Baulmes (Cahier de l’ASPAN): « …En l’absence d’avantages techniques, économiques et sociaux pour le pays, il n’y a pas d’intérêt à sacrifier des zones de nature et des paysages de valeur au profit de l’énergie éolienne. Le débat a cependant son utilité : il démontre que cette énergie dite renouvelable n’est pas abondante et qu’elle est chère tout en ayant un impact important sur des paysages utiles au ressourcement d’une population urbaine en manque de nature »

Allemagne. Manifeste de Darmstadt : « …En considérant les dégâts sérieux qui menacent nos campagnes, qui ont évolué a travers l’histoire, et qui sont le fondement de notre identité culturelle, nous faisons appel pour mettre fin à l’expansion de la technologie du vent qui est sans raison d’un point de vue écologique et économique.
En particulier nous demandons le retrait de toutes les subventions directes et indirectes à cette technologie. A la place, des fonds publics doivent être accessibles pour le développement de technologies plus efficaces, et pour la recherche d’un principe de base, susceptible de fournir des solutions réelles aux problèmes de production d’énergie, de façon durable et respectueuse pour l’environnement
… » La CDU avait d’ailleurs promis d’arrêter de subventionner l’éolien s’il revenaient au gouvernement. La Fédération de l’industrie allemande (BDI) a prévenu que l’Allemagne ne pourrait pas avec houille, lignite, gaz naturel (solutions de rechange immédiates au nucléaire) respecter les objectifs de Kyoto.

Grande-Bretagne. Rapport Kelly (07-06-2001). Angela Kelly est chercheuse sur les éoliennes au Comité sur l’environnement, les Transports et les Affaires Régionales : « …Les éoliennes commerciales terrestres sont la solution la plus rapide et la moins chère pour être vu comme étant « Vert », mais elles sont en réalité une catastrophe pour l’environnement. C’est de toute évidence une aberration politique qu’il soit nécessaire de détruire le pays pour le sauver. »

Le Danemark a cessé les subventions pour cause de « vandalisme écologique ».

Les USA ont cessé de payer la « production tax credit » qui subventionnait l’éolien.



12-CONCLUSIONS

Comme le préconise le rapport des députés C.Birraux et J-Y Le Déaux, l’énergie éolienne ne doit pas être utilisée pour produire normalement et couramment de l’électricité en France. Par contre, c’est un moyen pour l’industrie française d’acquérir de l’expérience et des références pour l’exportation. Pour cela cette production doit se faire en mer (off shore) (ou sur terre à une distance de toute habitation égale au moins à 100 fois la hauteur en bout de pale) et rester strictement marginale.

Un éolien continental et important est une aberration économique, financière et sociale. En subventionnant outrageusement cet éolien sans contrainte avec des machines danoises et allemandes :
- on enrichit artificiellement des spéculateurs avides aux frais des contribuables et des consommateurs d’électricité.
- on tue dans l’œuf la filière industrielle éolienne nationale naissante
- on saccage le patrimoine paysager en plus de pollution visuelle et sonore permanente et de la perte de valeur des habitations.
Dans l’intérêt de tous, des citoyens et de l’état, il faut absolument que l’on cesse de subventionner l’éolien et
que soit abrogé l’arrêté du 8 juin 2001 fixant un prix excessif de rachat du kWh.

Nous espérons que le présent gouvernement  suivra la voie tracée par le rapport Birraux-Le Déaux : solaire thermique, pompes à chaleur, habitat bioclimatique et biocarburants (biomasse) qui sont des solutions d’un intérêt décisif pour :

ADENL décembre 2002

 
- réduire la dépendance de la France vis à vis de l’extérieur (pétrole, gaz, uranium, etc.)
- réduire les émissions de gaz à effet de serre.


                                                                                                                                


BIBLIOGRAPHIE
1 - Rapport de C.BIRRAUX député (UDF) de Haute-Savoie et de Jean-Yves LE DÉAUT député (PS) de Meurthe-et-Moselle : « L’état actuel et les perspectives techniques des énergies renouvelables » du 22 novembre 2001. A.N. n°3415 et S.n°94.
2 – « Le rapport Omerta 2002 » par Sophie Coignard – Albin Michel.